Published 17/08/2023
Fondée en 1848 par les artistes anglais Dante Gabriel Rossetti, John Everett Millais et William Holman Hunt, la fraternité préraphaélite a engendré une renaissance de l'influence des primitifs italiens, précurseurs de Raphaël, insufflant ainsi une nouvelle perspective artistique.
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Ces trois fondateurs ont prôné un retour à l'authenticité artistique, brisant les chaînes du maniérisme et se détachant de l'académisme anglais. Dans le contexte bouillonnant de la révolution industrielle en Angleterre, le mouvement préraphaélite a également cherché à infuser une dose de moralité, s'inspirant à la fois de la littérature nationale et de l'art médiéval. Rapidement reconnu dès l'exposition universelle de 1855 en France, ce mouvement a ultérieurement joué un rôle fondateur dans le développement du mouvement Arts & Crafts, qui avait pour ambition de restaurer un artisanat noble et vertueux dans tous les aspects de la vie.
La diversité esthétique des Préraphaélites
Le mouvement préraphaélite a insufflé une vitalité nouvelle dans le paysage artistique britannique au cours du XIXe siècle. Bien que le terme "mouvement" soit utilisé, chaque artiste a développé une esthétique distinctive. Millais s'est distingué par sa minutie qui rappelle celle des primitifs flamands, tout en admettant secrètement son admiration pour Raphaël malgré ses déclarations contraires. De son côté, Hunt, imprégné de néo-gothique, a puisé son inspiration dans l'Italie médiévale et dans la littérature. Rossetti, quant à lui, a manifesté son amour pour la poésie de Dante à travers une iconographie mélancolique et étrange, peuplée de femmes aux cheveux roux, incarnant à la fois des héroïnes légendaires et des séductrices fatales. Les modèles de ces artistes, tels qu'Elizabeth Siddal ou Jane Burden, étaient à la fois muses et souvent des artistes en leur propre droit.
Bien que considéré comme excentrique dans l'Angleterre victorienne, le préraphaélisme constituait une réponse à l'académisme ambiant. Il était également un moyen d'expression poétique et émotionnelle teintée d'inquiétude. Contrairement à une approche artistique synthétique, il défendait le retour à la singularité artistique. Ce paradoxe se reflète dans leur relation d'amour et de rejet envers l'art de Raphaël, le voyant à la fois comme génie et corrupteur. Ce qu'ils rejetaient n'était pas le maître lui-même, mais plutôt ses disciples.
Vers une quête d'idéal et de modernité
Le préraphaélisme incarne une quête d'idéal et de perfection, tout en s'écartant des canons artistiques classiques. Les trois artistes se sont inspirés de l'art médiéval et de la Renaissance, considérant ces périodes comme plus fidèles dans la représentation de la nature. Cependant, il serait erroné de les qualifier de passéistes. En effet, en rompant avec l'académisme classique, ils souhaitaient ancrer leur mouvement dans la modernité. Mettant l'accent sur la végétation dans leurs créations, ils n'hésitaient pas à quitter leurs ateliers pour peindre en plein air, bénéficiant des innovations récentes telles que les tubes de couleurs.
Bien que le groupe ait bénéficié d'un accueil relativement favorable du public en 1849, il s'est dissous trois ans plus tard. Cependant, il a été ressuscité dans une configuration élargie, accueillant de nouveaux peintres tels que William Morris et Edward Burne-Jones. Ces nouvelles figures ont progressivement délaissé le naturalisme initial pour se tourner davantage vers l'esthétique décorative. Cette évolution a donné naissance à un mouvement majeur en Angleterre, le mouvement Arts & Crafts, consacré aux arts décoratifs et à l'artisanat noble.
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