Published 11/08/2021
Piet Mondrian reflète une figure majeure dans l’histoire de l’art occidental. À l’approche du 150e anniversaire de sa naissance, plongeons-nous dans la vie et l’univers de l’artiste néerlandais, dont l’influence reste encore d’actualité.
« Les Pays-Bas ont produit trois artistes majeurs : le premier fut Rembrandt, le deuxième fut Van Gogh et le troisième est Mondrian. »
C’est ainsi que s’est exprimé Katherine Dreier, co-fondatrice de la Society of Independent Artists de New York en 1926 et chargée d’organiser les expositions pionnières de l’art moderne dans l’Amérique du début du XXe siècle.
Les styles de Piet Mondrian
Piet Mondrian est connu pour son style unique composé de formes géométriques et de couleurs. Après avoir étudié la peinture à l’Académie d’Amsterdam dans les années 1890, il se fait d’abord connaître pour sa représentation de paysages fidèle à la tradition de l’école de La Haye. Sa maturité aidant, et intéressé par le discours théorique autour de l’art qui émerge en Europe, il se rapproche du style abstrait pointilliste.
À son engagement dans le mouvement d’avant-garde s’ajoutent ses rencontres avec les Cubistes à Paris, où il séjourne entre 1912 et 1914. Comme eux, Mondrian recherche un nouvel art, étayé par un cadre intellectuel rigoureux qui se libérerait des chaînes de la tradition pour embrasser le monde moderne.
Mondrian et De Stijl
Aujourd’hui, on oublie facilement que l’abstraction dans l’art était un mouvement mûrement réfléchi et volontaire. Le contexte sociopolitique de l’époque (marqué par une industrialisation rapide et la Première Guerre mondiale) fait naître dans les milieux artistique et intellectuel l’idée que de nouvelles formes d’expression sont nécessaires pour répondre aux défis de cette nouvelle ère. Ces idées se manifestent sous différentes formes : futurisme italien, vorticisme britannique, surréalisme ou dadaïsme, mais c’est dans le mouvement appelé « De Stijl », né au Pays-Bas en 1917, que ces idées trouveront sans doute le plus d’écho.
Conçu à l’origine comme une collaboration entre artistes, designers, critiques et écrivains auxquels Mondrian appartient, De Stijl défendait une esthétique d’abstraction pure et d’universalité par la réduction des compositions à leurs éléments les plus essentiels. Selon les propos même de Mondrian, elle doit « ignorer les détails de l’apparence, c’est-à-dire, les formes naturelles et les couleurs. Au contraire, elle doit trouver son expression dans leur abstraction. » Cette prise de position, aussi forte qu’audacieuse, suscite tout d’abord le mépris des puristes de tous horizons. Toutefois, l’école De Stijl se distinguera finalement par sa radicalité assumée d’une pureté formelle, qui cherche à créer des manifestations visuelles d’une harmonie cosmique.
Elle ne vise pas seulement à redéfinir les prétentions de la peinture mais à atteindre, à travers elles, un but d’une grande profondeur spirituelle, une perfection des formes, des sentiments et des couleurs. Une fois le concept compris de tous, Mondrian et son acolyte Theo van Doesburg, l’architecte Gerrit Rietveld et le designer Bart van der Leck finissent par obtenir une reconnaissance internationale. Leur héritage collectif se manifeste par l’influence de leur philosophie esthétique sur l’évolution de l’art abstrait et de l’architecture moderne à travers le monde.
Mondrian et le Paris bohème
Profitant de sa réussite professionnelle, Mondrian retourne à Paris après la guerre, où il y vit jusqu’en 1938. En s’immergeant dans le Paris bohème, il se fait une place dans le mouvement d’avant-garde du XXe siècle. Fin 1920 et durant l’année 1921, dans ce bouillon d’innovation artistique, Mondrian commence à produire ces images quadrillées aux trois couleurs primaires qui définiront ses compositions les plus prisées aujourd’hui. Bien que l’influence du mouvement De Stijl soit toujours apparente, le style propre à Mondrian commence à transparaître. Il continue à l’affiner et à y apporter de subtiles évolutions, notamment durant ses années parisiennes.
En 1938, fuyant l’avancée de l’Allemagne nazie, Mondrian quitte Paris pour Londres. Mais lorsque les Pays-Bas tombent aux mains des Nazis, il rejoint New York car il ne se sent plus en sécurité en Europe. Il y restera jusqu’à sa mort quatre ans plus tard, en travaillant jusqu’à ce qu’il ne puisse plus et en continuant à développer son style coloré. Ces années-là le portent sur la scène internationale et renforcent sa célébrité et sa stature de maître de l’art moderne. Cent cinquante ans après sa naissance perdure l’influence de ses œuvres, désormais synonymes de langage universelle des arts visuels du XXe siècle.
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